Allocutions et interventions

Inauguration de l’école d’initiation aux sports (EIDE) de La Havane, le 6 octobre 1977

Date: 

06/10/1977

 

NOUS COMMÉMORONS aujourd'hui le premier anniversaire de ce crime effroyable qui a coûté la vie à soixante-treize personnes, dont un grand nombre étaient des compatriotes. Ce crime est encore trop récent pour que nous puissions l’oublier ; d’ailleurs, des années et des années auraient beau s'écouler, nous ne l'oublierons jamais. Nous nous demandions comment commémorer cet anniversaire, comment rendre hommage à nos compañeros tombés à la suite de l’action barbare et brutale qui a causé la mort de travailleurs courageux de nos lignes aériennes, de travailleurs remarquables et héroïques de l'aviation, de travailleurs de la pêche et d'autres secteurs, ainsi que de tous les membres de l’équipe d'escrime qui venait de remporter toutes les médailles d'or dans les compétitions auxquelles elle avait participé. Ça a été pour nous tous un coup très dur,

Comment leur rendre hommage ? Et, en songeant précisément que lors du désastre toute l’équipe d’escrime avait péri, ce qui a rendu plus déchirante encore la douleur qu’éprouvait notre peuple en évoquant l’extrême jeunesse de tous ces garçons et filles, nous avons pensé que le fait d'inaugurer aujourd'hui cette école d'initiation aux sports, qui portera le nom de Martyrs de la Barbade, serait sans doute un hommage digne et très symbolique (applaudissements).

Nous avons demandé aux compañeros de la construction de La Havane d'accélérer les travaux afin que cette école soit prête pour ce premier anniversaire.

Ce fait est hautement symbolique : il prouve que le crime ne saurait tuer les idées, que le crime ne saurait arrêter la marche victorieuse d'un peuple, que le crime le plus monstrueux ne saurait tuer la vie, que notre vie ne nous appartient pas en propre, mais qu'elle appartient à tous. Nous faisons tous partie de quelque chose de plus grand que nous, qui est la patrie, le peuple ; nos vies font partie de la vie infinie et immortelle de la nation cubaine et de notre peuple révolutionnaire.

Ceux qui sont tombés continuent de vivre dans les sentiments, dans le cœur, dans l’œuvre, dans l'activité du peuple ; les jeunes continueront de grandir et de marcher, tous unis, vers l’avenir. Oui, ils se multiplient et nous en avons ici un exemple : pour chaque athlète assassiné, il y a presque cent jeunes athlètes en train de se former. Nous voyons, grâce à ces jeunes, que la vie renaît, que les espoirs renaissent, que la joie renaît.

Nous avions dit aux compañeros sportifs, lors de ce crime incroyable, atroce, douloureux, qui a causé la mort de toute l'équipe étoile, que la réponse à ce crime devait consister à se perfectionner tous les jours davantage, à s’apprêter à prendre la relève de ceux qui étaient tombés et à préparer une autre équipe qui puisse participer aux compétitions de cette année. Et les athlètes ont tenu parole. Une nouvelle équipe a été formée et, cette année, elle a de nouveau remporté, au cours des mêmes compétitions, toutes les médailles d'or (applaudissements) et même une médaille d'argent de plus que lors des compétitions précédentes.

Il est évident que l'esprit des athlètes tombés a été présent dans les muscles, dans la pensée et dans le cœur des athlètes cubains qui sont allés là-bas honorer, une fois de plus, la mémoire de leurs compañeros morts.

Chaque année qui passe — celle-ci est la première — l'opinion publique nationale et internationale condamnera plus sévèrement ce crime répugnant. Plus le temps passe, plus il y a de personnes qui jugent et condamnent, avec une sévérité accrue, la lâcheté de cette action.

De tels crimes ne pouvaient être conçus que par l'esprit malade, pétri de ressentiment et de désespoir, d'agents et de terroristes éduqués et formés par l'impérialisme. C’est lui qui leur a appris à tuer. Ce sont les impérialistes qui les ont préparés à commettre ces forfaits éhontés. Ils leur ont appris les moyens, les techniques du crime ; ils les ont entretenus, ils leur ont donné les ressources économiques et matérielles nécessaires pour perpétrer ces forfaits.

Ils savent parfaitement ce qui leur est arrivé chaque fois qu’ils ont osé attaquer de front la Révolution ; ce qui leur est arrivé dans l'Escambray et à Playa Girón, ce qui leur est arrivé chaque fois qu'ils se sont heurtés à des hommes et des femmes armés. Mais, dans ce cas, ils n’ont pas lutté contre des hommes armés, ils ont lutté contre des personnes totalement désarmées – qui étaient loin d'imaginer l'agression dont elles allaient être l'objet – en se servant d’explosifs pour détruire un avion en plein vol.

Ce n'est pas seulement notre peuple, mais la conscience de tout le monde progressiste et de toutes les personnes honnêtes de la terre qui s’est soulevée pour condamner ce crime monstrueux.

Les auteurs n'ont pas eu le moindre scrupule à avouer ouvertement leur crime. Les auteurs directs. Quant aux auteurs indirects, nous les connaissons bien. Quelques-uns des auteurs directs sont en prison.

Tout ce que nous avons dit le 15 octobre de l’année dernière aux funérailles des victimes a pu être corroboré par la suite : comment les choses s'étaient passées, qu'il ne s'agissait pas d'un accident, mais d'un sabotage, quelles techniques ont été employées... Et certains responsables n'ont pu échapper aux mesures élémentaires prises par les autorités du Venezuela, le pays utilisé comme base par les criminels pour perpétrer le sabotage ; ils sont en prison et ils attendent la sanction qui leur revient.

Bien entendu, ils n’auront pas le châtiment qu'ils méritent. Peut-être seront-ils condamnés à quelques années de prison. Mais même s'ils étaient fusillés, ils n’expieraient pas leur crime. Si on les fusillait cent fois, mille fois, le châtiment ne suffirait pas à leur faire expier un crime de cette envergure. De tels crimes ne sauraient être expiés, quelle que soit la peine.

Il y a pourtant une possibilité pour les peuples de se remettre d'une douleur aussi profonde. Il y a un châtiment, pour les contre-révolutionnaires, pire que tous les autres châtiments, c'est la Révolution elle-même, ses efforts, ses acquis, sa marche victorieuse. Le pire châtiment pour les criminels, c'est quand le crime quils pensaient utiliser comme une arme pour décourager le peuple, pour faire peur au peuple, se transforme en énergie pour le peuple, en force pour le peuple et que le courage du peuple se multiplie (applaudissements). Il existe un châtiment auquel ils ne se résigneront jamais : la défaite de leurs idées. Car ces quelques criminels, les auteurs directs, ne sont que de simples agents d'une mauvaise cause et des idées réactionnaires qu'ils représentent.

Pourquoi ont-ils assassiné ces travailleurs ? Pourquoi ont-ils assassiné ces jeunes ? Parce qu'ils symbolisaient la Révolution, parce qu'ils étaient le fruit de la Révolution. Il s’agit d'une vengeance vile et lâche contre la Révolution, parce que la Révolution a mis fin aux privilèges, a eu raison des abus, des injustices, de l’exploitation de l'homme par l'homme ; parce qu'elle a apporté la liberté et la dignité au peuple, ce peuple qui était la propriété des impérialistes, d’un gang de bourgeois et de propriétaires ruraux, et qui était soumis au joug des gouvernants corrompus, répressifs et sanguinaires, représentant ces intérêts-là.

Parce que la Révolution a apporté la liberté à nos compatriotes, parce que la Révolution a apporté des écoles aux enfants, parce que la Révolution a apporté des hôpitaux aux malades, parce que la Révolution a apporté du pain aux affamés, parce que la Révolution a apporté du travail aux chômeurs, parce que la Révolution a apporté l'égalité et la dignité à tous les citoyens, parce que la Révolution a apporté la justice aux femmes, parce que la Révolution a apporté la justice à nos frères qui étaient discriminés sous prétexte qu'ils étaient Noirs, parce que la Révolution a mis un terme au despotisme, aux abus de tout acabit. Parce que notre Révolution a revendiqué les meilleurs rêves de toutes les générations cubaines, depuis 1868 jusqu'à nos jours, parce que la Révolution a fait pousser les graines semées par nos mambís, parce qu’elle a fait une réalité des rêves de Céspedes, de Maceo, d'Agramonte et de Marti (applaudissements prolongés). Parce que la nation n'est plus la propriété des bourgeois et des latifundistes, mais la patrie des paysans et des ouvriers. C'est pour cela qu'ils ont perpétré, durant des années, tant de crimes contre notre peuple ; c'est pour cela qu'ils ont commis cet effroyable crime de la Barbade.

Cependant, ont-ils pu par des actes si répugnants empêcher la consolidation de la Révolution ? Ont-ils pu empêcher la marche en avant de notre peuple ? Non. Ils ne tirent pas les leçons de l’histoire. En effet, ce n’était pas la première fois qu’ils essayaient de tuer les causes justes et de tuer les idées en tuant les hommes.


 

L'histoire de notre Révolution commence à être longue, et nous nous souvenons de l'époque endeuillée, ténébreuse, de la lutte contre la tyrannie, livrée dans la clandestinité et dans les montagnes. Que de tortures ! Que de crimes ! Que d'assassinats fourbes ! II est impossible d'oublier de tels faits. Bien souvent, des dizaines de paysans, des familles entières, étaient arrêtés et assassinés, ou alors brûlés vifs dans leur maison. Il est impossible d'oublier tous les révolutionnaires qui sont morts dans les salles de torture ou qui ont été assassinés dans la nuit et dont les corps apparaissaient çà et là le lendemain.

Les sbires croyaient alors qu’ils allaient être éternels, que leur pouvoir était illimité, qu’ils pouvaient commettre tous ces méfaits impunément. Mais ils n’ont pas pu empêcher le triomphe de la Révolution ; ils n’ont pas pu empêcher la victoire du peuple. Et beaucoup de ces criminels ont dû comparaître en justice et répondre de leurs crimes. Loin d'entamer nos idées, loin d'entamer notre cause, leurs crimes ont renforcé notre cause et nos idées et accéléré le triomphe de la Révolution.

Mais ce qui est peut être plus répugnant et plus douloureux dans des faits comme celui que nous évoquons aujourd’hui, c’est que si, au début, ils tuaient pour empêcher la Révolution, il est presque certain maintenant que le crime de la Barbade a été commis pour se venger d'une Révolution qu'ils n'ont plus aucun espoir d'empêcher (applaudissements prolongés).

Nous savons que, pour les familles qui ont perdu ce jour-là leurs êtres chers, il ne peut y avoir de consolation, pas plus que pour aucun d'entre nous. En effet, pour nous tous, ils étaient aussi des frères, des sœurs et des enfants. Néanmoins, nous avons de la force de caractère et c’est cette force qui nous permet de trouver les seules formes de consolation possibles, à savoir travailler et lutter avec plus d'énergie : les élèves dans les écoles, les ouvriers dans les usines, les paysans dans les champs, les travailleurs de l’éducation, de la santé et des autres services dans leurs centres de travail ; les soldats dans leur entraînement militaire, les combattants du ministère de l'Intérieur en luttant avec toujours plus de ténacité contre l’ennemi contre-révolutionnaire et contre l'ennemi qui commet des délits de droit commun ; les organisations de masse en travaillant avec plus d’enthousiasme et de force, le Parti en gagnant en expérience, en discipline et en compétence pour diriger notre Révolution, bien que les morts continuent d’avoir leur place dans nos cœurs.

Nos cœurs sont grands et il y a en eux de la place pour l'enthousiasme, pour le devoir, pour l'esprit révolutionnaire, pour la volonté, pour la ferveur, pour la fermeté ; il y a dans nos cœurs une grande place pour l'œuvre créatrice, pour poursuivre l’effort de notre peuple, pour combattre, pour lutter et, malgré la douleur, pour partager la joie et le bonheur des succès et des progrès de notre patrie (applaudissements).

Nous avons le devoir d'accomplir notre œuvre, l’œuvre de notre génération, et le devoir de préparer la voie aux nouvelles générations.

Aujourd'hui, nous pouvions le constater dans la salle où sont exposées les photos des compañeros qui sont morts ce jour-là et nous ressentions tous une profonde émotion devant leurs visages nobles, généreux, courageux et chers. Mais devant ces portraits, il y avait précisément la maquette de cette école ; nous l’avons regardée aussi et nous avons ressenti une grande admiration pour cette merveilleuse école que nous avons construite et que la Révolution remet aux enfants de nos travailleurs. Voilà ce qu'étaient les victimes du 6 octobre de l'an dernier : des travailleurs et des enfants de travailleurs.

Parmi les victimes se trouvaient les membres de l'équipe d'escrime. Qu'était-ce que l’escrime autrefois à Cuba ? Un sport que pratiquait une infime minorité, les fils de bourgeois, dans des clubs aristocratiques. Quel fils de paysan ou d'ouvrier pouvait pratiquer l’escrime avec ce que coûtaient une salle d'escrime et un professeur d'escrime ? Et c’est là précisément, devant ces photos, que s’étalait la maquette de l'école où vont étudier deux mille enfants de nos travailleurs. Ce projet est si beau, si complet, il dispose de tant de ressources, aussi bien pour l'enseignement que pour le sport, que nous pouvons affirmer que jamais les enfants de millionnaires n'ont eu à Cuba une école comme celle-ci. Ils n'en rêvaient même pas ! (Applaudissements.)

Dans certaines écoles pour les enfants des familles privilégiées, il y avait bien un petit terrain de basket-ball, en ciment bien souvent, ou un terrain improvisé de base-ball, mais une école dotée d'autant d’installations, d'autant de professeurs de sports et d’éducation physique n'avait jamais été conçue ici. Et beaucoup de professeurs possèdent déjà une grande expérience ; beaucoup d'entre eux ont été de brillants et d'éminents athlètes durant la période révolutionnaire, qui ont reçu par la suite une formation d'entraîneurs. Nous avons eu l’occasion de saluer beaucoup d'entre eux cet après-midi, ainsi que les représentants des différents sports, de pratiquement tous les sports olympiques et d'autres sports, comme le base-ball, qui ne sont pas olympiques. Nous avons vu, par exemple, un professeur de gymnastique qui s'occupait de huit élèves ; il y a d'autres professeurs pour d'autres sports, ainsi que des professeurs pour l’enseignement général et aussi les travailleurs des divers services de l'école.

Nous pouvons affirmer qu’aucune école pour enfants de millionnaires n’a jamais été aussi bien équipée que celle-ci. D'ailleurs, pourquoi les bourgeois se seraient-ils intéressés au sport ? La seule chose qui les intéressait, c'étaient les bénéfices, l'exploitation du peuple. Qu'est-ce que ça pouvait bien leur faire que le peuple ait des écoles, apprenne à lire et à écrire, aille à l'école primaire, à l'école secondaire, à l'université ? Qu'est-ce que ça pouvait bien leur faire que le peuple pratique le sport ? Ces choses-là n’intéressent que la Révolution, la société socialiste et communiste (applaudissements), où l'être humain acquiert toute sa véritable valeur.

Nous faisons des progrès en sport : nous avons acquis plus d'expérience, plus de technique ; nos enfants, nos jeunes grandissent en pleine santé, les conditions de vie ayant changé ; les athlètes commencent déjà à se faire remarquer par leurs qualités physiques ; la qualité moyenne des équipes de basket-ball, de volley-ball et d’autres est supérieure à celle des premières années de la Révolution ; nous voyons déjà des jeunes qui commencent à maîtriser les techniques de la boxe et à acquérir une certaine expérience ; nous voyons des centaines et des centaines d’athlètes se consacrer à l'athlétisme et à d'autres sports : l'escrime, le judo, la lutte, le football, etc., etc. Les perspectives sont vraiment très bonnes, mais elles sont bonnes dans la mesure où nous sommes réellement conscients de nos faiblesses.

Cette école naît aujourd'hui. Comment sera-t-elle dans dix ans ? Nous l'avons visitée aujourd'hui, alors que les espaces verts ne sont pas encore aménagés, alors que les premiers arbres qui pousseront autour de l’école viennent seulement d’être plantés. Ces arbres grandiront, atteindront une certaine hauteur et qui sait jusqu’où notre école est appelée à se développer (applaudissements).

C'est très bien d'avoir obtenu ces résultats, mais c'est encore mieux si l'on songe à tout ce que cela implique pour l'avenir. Au début, il n’y avait pas de professeurs de sports, ni d'éducation physique ; certains sports étaient pour nous si nouveaux que nous ne les connaissions même pas. Nos travailleurs, que savaient-ils de sports tels que l'escrime, le water-polo ou d’autres ? Nos travailleurs, que savaient-ils des échecs ? Très peu, pour ainsi dire rien. Ici, on jouait un petit peu au base-ball dans les terrains vagues. Nous sommes partis, en réalité, d’un niveau très bas, avec une pénurie totale d'installations, de cadres. Nous avons déjà plusieurs écoles de formation de professeurs d'éducation physique, nous allons disposer d'une école par province. Et les provinces ne sont plus au nombre de six, mais de quatorze. Nous aurons environ huit mille élèves dans les écoles de formation de professeurs d'éducation physique. Nous pourrons doter chaque école d’un professeur d'éducation physique, chaque école primaire, chaque école secondaire, toutes les communautés, partout où il y aura des enfants. Nous aurons autant de professeurs d'éducation physique et de sports que nous voudrons.

Nous avons déjà un institut supérieur d'éducation physique, et pour y entrer, il faut avoir le bac. Nous n'avons pas qu'une seule école d'initiation aux sports dans le pays, nous en avons plusieurs, et nous aurons une école de ce type dans chaque province Et dans cette ville, ou dans cette province-ville, nous n'en aurons pas qu'une, nous en aurons deux (applaudissements). A côté de celle-ci, ou en face, une autre école, identique, sera construite (applaudissements). Pourquoi ? Parce que si dans une province petite de 400 000 ou 500 000 habitants, nous construisons une école de mille élèves, une école de deux mille élèves serait vraiment trop petite pour une province de deux millions d'habitants. Pour que l’équilibre soit gardé, La Havane a besoin de deux écoles comme celle-ci. Quant à la province de La Havane-banlieue, elle aura une école de mille élèves. De sorte que les deux provinces ensemble auront une capacité de cinq mille élèves dans leurs écoles d'initiation aux sports.


 

Nous construirons de même l’École supérieure de perfectionnement des athlètes, l'ESPA. Nous construirons aussi une ESPA ! (Applaudissements.) Ce sera une institution de niveau supérieur, fréquentée par les meilleurs élèves des écoles d'initiation aux sports (applaudissements).

Nous nous efforçons d'offrir aux élèves des écoles d'initiation aux sports un régime alimentaire adéquat, suivant le genre d'activité qu'ils réalisent. De plus, nous pensons créer des écoles de pré-initiation aux sports dans chaque municipalité, de manière à pouvoir sélectionner les élèves qui viendront ensuite dans ces écoles (applaudissements).

Nous disposons déjà de certaines ressources : des écoles, des professeurs, des institutions de tous genres. Nous avons acquis de l'expérience et notre problème consiste maintenant à savoir tirer le maximum de profit de ces ressources. Il faut faire un bond en avant en ce qui concerne la qualité de notre politique sportive ; nous ne saurions nous contenter de nos acquis, nous devons rechercher de nouvelles victoires, et nous savons que nous pouvons y parvenir.

A présent, tous les enfants du pays vont à l'école. Il n'y a pas un seul enfant qui ne fréquente pas l’école primaire ; pratiquement tous les jeunes ayant atteint le niveau secondaire vont à l'école, et tous ceux qui obtiennent leur certificat d'études disposent d’une école d'un niveau supérieur. C'est-à-dire que nous avons l’organisation éducative où se trouve la matière première pour le développement du sport dans notre pays (applaudissements). Les écoles secondaires disposent de leurs installations: terrains de sport, pistes, et certaines ont même leur piscine. Il faut se servir de toutes ces installations, de toutes ces ressources ; il faut bien les organiser, à partir de cette base et des cadres que nous avons. Bien entendu, nous n'avons pas encore assez de professeurs, mais nous en aurons. Au début, nous en avions beaucoup moins.

Il faut que tous les enfants du pays passent les épreuves sportives ; il faut perfectionner les méthodes et les procédés nous permettant de découvrir tous les enfants doués pour le sport, et cela pour deux raisons. Non seulement pour découvrir des champions, mais pour promouvoir le sport — voilà l’objectif numéro un, car le développement du sport n'a pas comme but exclusif de découvrir des champions. L'objectif numéro un du sport, c’est de promouvoir le bien-être et la santé du peuple, et l’'objectif numéro deux, c'est de découvrir des champions. De découvrir, aussi, des champions ! (Applaudissements.) Les deux choses se complètent, car des écoles comme celle-ci stimulent la pratique des sports, et aussi, grâce à la sélection et à la qualité de leurs élèves, elles forment des champions. Et nous avons besoin de champions, car les champions deviennent le symbole de la jeunesse et des enfants ; les champions donnent la mesure du développement social, éducatif et culturel de la Révolution et de notre peuple (applaudissements) ; les champions donnent également la mesure du caractère, de la volonté et de la ténacité de notre peuple ; les champions donnent des joies, des honneurs, de la gloire et du prestige au pays. Nous ne saurions le nier. De sorte que ce mouvement peut nous permettre d’atteindre parfaitement ces deux objectifs.

II est très important de ne pas se tromper, de ne pas négliger la pratique du sport à force de chercher des champions. Tout le monde devrait faire du sport, pas seulement les élèves du primaire : les adultes et les vieux aussi (rires et applaudissements) ; oui, les vieux aussi ! (Applaudissements.) Les vieux en ont encore plus besoin que les jeunes. Les jeunes ont quelquefois besoin de faire du sport pour y dépenser leur excédent d'énergie, sans compter que le sport contribue à la discipline, à l'éducation, à la santé, à la formation de bonnes habitudes. Le sport est un antidote du vice. La jeunesse en a besoin. Et les vieux en ont aussi besoin, non plus pour employer l'excédent d'énergie dont ils disposent, mais pour conserver au mieux l’énergie qui leur reste (rires et applaudissements), et la santé, si indispensable à la vie.

Vous pouvez être sûrs que ce que nous dépensons pour les sports et l'éducation physique, nous le récupérons en dépensant moins pour la santé publique, et c’est aussi un gain quant au bien-être et à la longévité des citoyens (applaudissements).

Bien, comme je vous le disais, nous avons aujourd'hui davantage de moyens. Il faut maintenant perfectionner le système de sélection des élèves de ces écoles ; il ne s’agit pas de faire passer les épreuves dans 400 ou 500 écoles, à 40 000 ou à 50 000 élèves, mais dans toutes les écoles et à tous les élèves de la province. Ce n’est pas la même chose d'opérer une sélection entre 40 000 qu'entre 120 000, Il faut faire passer les épreuves à tout le monde, pour ne pas perdre un seul talent, pour ne pas perdre un seul champion.

Il existe également un certain nombre de principes qui doivent être appliqués à la lettre. On sait naturellement que les enfants entreront dans ce type d’écoles en raison de leurs mérites, de leurs capacités, de leurs aptitudes. Et ce que les élèves ne doivent jamais oublier, car cela serait impardonnable, même pour le champion des champions, c'est qu'ils doivent s'acquitter de leurs obligations quant aux études. On ne peut pas permettre à un athlète de ces écoles d’être mauvais élève ; plutôt que de violer ce principe, nous préférons perdre un champion ((applaudissements).

Autrement dit, voici notre règle d'or : l’athlète doit être bon élève et réussir à la fin de l'année scolaire (applaudissements). Deuxièmement, l'athlète doit cultiver ses aptitudes sportives et physiques au maximum ; il ne peut en aucun cas se relâcher. Troisièmement, dans ces écoles, la sélection doit être continue ; on peut entrer dans ces écoles dans une classe déterminée, à un âge déterminé, mais ça ne veut pas dire qu'on poursuivra ses études dans cette école jusqu'à la fin ; il doit y avoir une rénovation des groupes d'élèves. Car s'il se présente des élèves qui possèdent plus d'aptitudes que ceux qui s'y trouvent, ces derniers devront céder leur place aux nouveaux. Cela doit constituer tin principe (applaudissements).

Cette école est différente des écoles secondaires, où celui qui entre pour commencer le premier cycle peut le finir sans changer de centre d’études, s’il est bon élève ; elle est différente d'une école secondaire du deuxième cycle ou d’une école d'orientation professionnelle. Dans ce genre d'école, il faut procéder à une rénovation intense des élèves, parce que les fonctions et l'objectif qu'elle sert le veulent. Le principe de la rénovation doit être appliqué rigoureusement : ne pas garder un élève lorsqu'il s'en présente un autre ayant de meilleures aptitudes. Les élèves doivent bien connaître ce principe.

Ce n’est pas un démérite pour un élève de devoir quitter l'école d'initiation aux sports s’il a toujours fait le maximum d'efforts ; ce n'est pas un démérite si, de l’avis de ses professeurs, de ses instructeurs, de la direction de l'école, il n'a pas de grandes perspectives dans le domaine du sport et doit donc céder sa place à un autre. S’il s'agit d'un élève du primaire, il passe à une autre école primaire ; s'il en est au premier ou au second cycle de l’enseignement secondaire, il passe à une autre école secondaire du premier ou du deuxième cycle. Avec la Révolution, nous avons tous les jours davantage d'écoles ; cela ne pose donc pas de problème. Évidemment, il faut que les professeurs et les élèves comprennent bien la justesse de ce principe. Aucun élève appliqué ne devra éprouver le sentiment d'avoir démérité s’il doit céder sa place à un autre élève ayant plus d'aptitudes. Il ne faut y voir ni un démérite ni une faute, car dans ce domaine, il n'y a pas de responsabilité.

Par contre, si un enfant est renvoyé pour avoir été mauvais élève, dans ce cas, oui, il est responsable. En tant que sportif, chacun doit faire des efforts, être discipliné et suivre à la lettre les instructions de ses professeurs.

Il convient donc que les élèves, leurs familles et tout le monde sachent quels sont les principes qui doivent régir ce genre d'institutions, parce que ce sont les institutions qui vont former les meilleures équipes ainsi que les champions. Évidemment, il, est impossible que tous deviennent champions, mais les champions ne peuvent sortir que de la masse, et plus nous aurons d’élèves dans ces écoles, plus notre pays aura des chances de former des athlètes brillants. Quand je parle de champions, je ne pense pas seulement aux individus, mais aussi aux équipes.

Naturellement, nombreux sont les élèves de cette école qui ne se consacreront pas toute leur vie aux sports ; ils pourront ensuite poursuivre leurs études, si les résultats obtenus le leur permettent, et choisir la carrière qu’ils voudront, Certains feront probablement des études sur le sport, c'est logique : d'autres deviendront ingénieurs, médecins, instituteurs, professeurs ; ils feront les études que leur permettront leurs résultats scolaires.

Je vous ai parlé des changements qui se sont produits, des moyens dont nous disposons aujourd'hui. Nous voudrions inaugurer chaque année une école comme celle-ci, ou un peu plus petite. Au rythme où nous construisons, nous pouvons compter sur une ou deux par an. Récemment, au début de l’année scolaire, nous avons inauguré une école d'initiation aux sports à Santiago ; il y en a une autre à Holguín et une autre en chantier à Santa Clara. Il y a plusieurs écoles toutes neuves. Les travaux de celle de Camagüey sont déjà assez avancés.

Bien. Nous avons déjà tout ceci. Mais comme je vous le disais, nous devons également être conscients de nos difficultés ; il y a beaucoup de sports dans lesquels nous sommes faibles, et il faut se pencher sérieusement sur le problème.

Nous avons déjà fait remarquer à plusieurs reprises qu'en natation, par exemple, nous étions nuls, mais alors ce qui s'appelle nuls ! Je me réfère évidemment aux compétitions mondiales, N'importe lequel de ces enfants nage probablement mieux que moi – encore que ça reste à démontrer (rires) – et c'est logique, mais au niveau mondial, nous sommes très faibles. C'est un sport que nous devons absolument développer.

Actuellement, nous caressons plusieurs projets, notamment la construction de quelque cinq cents piscines préfabriquées, d'un modèle très simple, de telle sorte qu'il y ait au moins une piscine par municipalité. Une piscine sert des fins non seulement sportives, mais aussi récréatives. En été, lorsqu’il fait si chaud, les plages ne suffisent pas, et elles sont trop éloignées ; la plage coûte plus cher au pays que la piscine ; elle coûte plus cher (applaudissements), car il y a des villes comme Camagüey ou Holguín où les plages sont très éloignées, d’autres villes comme Santiago où les plages sont toutes petites et peu sûres, la mer étant relativement agitée. Il faut compter ce que coûte le transport, les autobus, bref tout ce dont la population a besoin pour aller à la plage. Si l'on compare le prix que coûte au pays un citoyen à la plage, en dépenses, en devises, en transports, avec ce que coûte ce même citoyen s’il a une piscine à côté de chez lui, on verra que la piscine coûte beaucoup moins cher. Paradoxalement, la piscine gaspille très peu d'eau, car l’eau peut circuler, passer par les mécanismes de purification et servir très longtemps. La piscine ne représente pas une grosse consommation d’eau, et elle sert à la fois aux loisirs et aux sports.

Ce qu'il faut garantir avant tout, c'est que les enfants des écoles primaires aient tous accès à une piscine. Nous pourrons ainsi donner une impulsion à la natation et devenir plus forts dans ce sport.

En athlétisme en général, nous n'avons pas lieu d'être très contents de nous.

Nous aimons avoir de bonnes équipes de base-ball, de grands lanceurs qui atteignent telle ou telle vitesse ; mais le poids, nous le lançons tout juste à quelques mètres, et cela ne nous mène à rien (rires et applaudissements) ; au disque ou au javelot, nous ne sommes pas plus brillants. Heureusement que nous ne devons pas vivre de la chasse, comme l'homme primitif, car sinon, nous devrions tout bonnement mourir de faim (rires). Au marteau, nous ne valons pas grand chose non plus ; quant au saut, une punaise saute beaucoup mieux que n’importe lequel d’entre nous (rires) ; à la perche et à la course de fond, nous sommes lamentables. Je ne sais pas si pour lancer un marteau, il faut être un géant ou un gorille (rires), mais il me semble que c’est en grande partie une question de technique ; en plus, dans ce pays, il y a des gens de toutes les tailles. Aujourd'hui même, nous avons vu un jeune compañero de quatorze ans qui fait partie de l'équipe de lutte et qui pèse cent huit kilos (rires). Il y a donc ici des gens assez forts et assez corpulents pour pratiquer la lutte ou le lancer du poids. Et il y a aussi des compañeros très grands, ceux de l'équipe de basket, par exemple ; ils ont quinze ans et ils mesurent en moyenne 1,90 mètre ; ils sont un peu plus grands que moi, et on dit qu’ils n'ont pas fini de grandir. On peut déjà se faire une idée de la croissance future de certains de ces jeunes gens, et il y en a qui vont atteindre 2,03, 2,04, 2,05 mètres. Ces jeunes seront très grands, et nous en aurons besoin, parce que si les joueurs de basket ne sont pas capables d’intercepter un rebond, ils ne peuvent pas gagner une seule partie ; c'est mathématique ; vérifiez sur un ordinateur ou sur une machine à calculer si vous voulez ; il faut de la technique, des connaissances, de la vitesse, il faut savoir sauter, jouer en groupe, marquer l’adversaire, exercer la précision du tir, mais il faut absolument intercepter les rebonds, sans quoi il est impossible de gagner une partie de basket.

Les aptitudes requises ne sont pas les mêmes pour tous les sports, mais on peut déjà apprécier certaines perspectives.

En course de fond, je le répète, nous sommes mauvais, très mauvais, que ce soit au 5 000 ou au 10 000 mètres.

En ce qui concerne la course, il y a une idée que je défends depuis un certain temps, et c’est que les coureurs de fond doivent être des spécialistes de la vitesse. Si résistante qu'elle soit, une tortue ne gagnera jamais une course de 10 000, 25 000 ou 100 000 mètres ; même si elle arrive fraîche et dispose à la fin de ses cinquante kilomètres (rires), elle ne remportera pas la victoire. C’est prouvé. Il faut analyser ces questions. Après avoir fait courir tous les enfants de ce pays – car il faut tous les faire courir, un chronomètre à la main – il faut choisir ceux qui enregistrent des temps satisfaisants.

C’est une opinion que j'aimerais discuter avec les spécialistes en la matière. Mais j'ai les arguments nécessaires et j'estime que c’est une question logique. Je pars d'un principe : la vitesse est innée et la résistance peut être acquise. Celui qui n'a pas d’aptitude innée pour la vitesse n'arrivera jamais à être rapide. Par contre, même si on n’est pas très résistant de naissance, on peut en général le devenir grâce à l’entraînement. Il est plus facile d’acquérir de la résistance que de la vitesse. Pour la course, il faut de la vitesse. Il faut donc choisir des gens rapides. Et si on analyse aujourd'hui les records mondiaux, on constate que le record du 400 mètres se situe, sauf erreur, autour de 43’ 8’’ ; autrement dit, un individu rapide, capable de courir en 11 secondes chaque 100 mètres du 400 mètres, n’égale pas le record mondial. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que pour égaler le record mondial du 400 mètres, il faut un sprinter, car il faut courir chaque 100 mètres en 10’ 8’’. Donc, celui qui ne fait pas moins de 10’ 8’’ ou n'a pas quelque chance de courir 100 mètres en moins de 10’8’’, n’arrivera jamais à devenir champion olympique du 400 mètres. C’est la même chose pour le 800 mètres. Juantorena bat le record du 800 mètres non seulement grâce à sa résistance, mais aussi grâce à sa vitesse (applaudissements). De plus, dans bien de ces courses de fond, les athlètes avancent en peloton et ce n'est généralement qu’à la fin que tout se décide : le gagnant est alors celui qui est capable de faire un bon sprint. Nous avons pu le voir à la télévision, lors du championnat du monde d'Allemagne. L'Éthiopien était dans le peloton, mais il a fait les derniers 400 mètres en 54 secondes ; je crois qu'il a fait le dernier des 25 tours en 54 secondes. S’il n'avait pas été rapide, il n'aurait pas gagné le 10 000 mètres.

Par conséquent, il faut avoir pour principe de choisir ceux qui sont rapides et développer leur résistance, car la vitesse est donnée par la nature et la résistance est donnée par l’homme, par l’entraînement.

Nous devons faire meilleure figure à la course. Et il ne suffit pas d’avoir un Silvio Leonard, il faut en avoir vingt-cinq (applaudissements). Un bon coureur de 100 mètres, qu’est-ce que cela veut dire ? Un ou deux seulement, pas plus ? Il faut en avoir des dizaines, parce qu'il y a non seulement le 100 mètres, mais aussi le 200 mètres, le 400 mètres, etc. Et il y a aussi le relais, et ce qui nous est arrivé lors du dernier relais est, pour dire la vérité, une honte ; nous avons laissé tomber le témoin ; il ne manquait plus que ça, que nous laissions tomber le témoin (rires). Il y a les différents types de relais, hommes et dames, mais avec Juantorena seulement nous ne pouvons pas gagner celui du 4 x 400 mètres, parce que nous aurions besoin de plusieurs Juantorena ; or, parmi les coureurs du 100 et du 200 mètres, quelques-uns sont susceptibles de devenir de bons coureurs de 400 mètres.

A ce propos, je me demande quelquefois si nous sommes bêtes ou si nous sommes des types sans volonté. Il me semble qu’il y a ici un aspect presque philosophique de la question, à savoir que le sport n’est pas seulement un passe-temps. Il y a des sports plus durs que d'autres, beaucoup plus durs que d’autres, qui demandent beaucoup de volonté et même de l’héroïsme. Pour être champion dans certains sports, l'individu doit non seulement sentir un grand attrait pour le sport, une grande inclination, mais aussi avoir un esprit héroïque.

Pour disputer certaines courses, et surtout pour s’entraîner, il faut faire preuve d'une bonne dose d’héroïsme, en raison des efforts qu'elles réclament. Ce n'est pas pareil de pratiquer un sport agréable que de s’entraîner pour le 10 000 mètres ou pour le marathon, d'avoir à faire des dizaines de tours de piste chaque jour, d'être seul sur la piste, tous les jours, mètre après mètre. C’est un sport qui exige du courage, beaucoup de volonté ; il faut même de l’héroïsme pour s’entraîner et pour pratiquer ce sport.

Je crains que nous n'exaltions pas suffisamment certaines qualités de l’athlète, son caractère, sa volonté, qui sont essentielles. Ces qualités sont nécessaires à tous les athlètes, parce que pour s'entraîner trois heures d'affilée, il faut avoir de la volonté, de la discipline et une grande force de caractère. Bien sûr, certains sports sont beaucoup plus agréables que d’autres ; trois heures passent beaucoup plus vite dans certains sports que dans d'autres, où il s'agit par exemple de faire des tours de piste en bicyclette, à pied ou autrement. Je parlais tout à l'heure du lancer du poids. C’est évidemment moins amusant de passer tout son temps à lancer le poids qu'à pratiquer d'autres sports. Je ne veux pas donner plus d’importance à certains sports qu'à d'autres, mais j’affirme que certains sports exigent beaucoup de volonté, beaucoup de constance, beaucoup de ténacité de la part de l'athlète. Et je crains que nous n'exaltions pas suffisamment ces qualités et que nous laissions un peu chacun choisir le sport qu'il préfère. Dans une certaine mesure, il doit en être ainsi, mais alors nous avons des candidats pour certains sports et pas pour d’autres. Et si nous continuons à considérer le sport comme un simple passe-temps, comme un amusement, nous n'aurons jamais de champions dans plusieurs des disciplines de l’athlétisme ni dans d'autres sports comme le cyclisme, où les compétitions sont pénibles et les distances à courir parfois très longues.

Pour être athlète et pour réaliser certaines activités, il faut de l'héroïsme, beaucoup d'héroïsme. Le 800 mètres, par exemple, n'est pas une course facile, mais une course dure. Le 1 500 mètres est encore plus dur. Les athlètes qui disputent ces courses doivent avoir une bonne dose d'héroïsme, et il faut qu'ils le sachent, qu’ils possèdent cette conviction. Certains sports ne sont pas seulement pratiqués pour le plaisir, comme passe-temps, mais par devoir. Il s’agit de travailler pour son pays dans le domaine du sport, de lutter et de remporter pour son pays des victoires dans le domaine du sport. Il faut augmenter le nombre de candidats aux compétitions de course, qui ont une grande importance sur le plan international.

Bien sûr, nous avons ici un penchant pour le base-ball. Le base-ball est un sport agréable, et presque tous les jeunes veulent y jouer. On dit qu'il n’est pas au nombre des sports les plus complets et que le football est plus complet du point de vue physique, mais nous n’avons pas la même tradition en football, la même inclination pour le football. Le base-ball ne figure pas parmi les sports olympiques. Il occupe une place importante parmi les loisirs, car certains sports constituent un spectacle qui attire des millions de personnes. Le base-ball est de ceux-là, tout comme le basket-ball et la boxe.

Il faut aussi que nos médias accordent plus de place à d'autres sports, qu’il n'y ait pas de déséquilibre entre l'information consacrée à un sport et celle qui concerne les autres. Nous estimons que la Spartakiade qui vient de se dérouler à Cuba a été très utile dans ce sens.

Je me rappelle que ces jours-là – ce que je n'avais jamais vu – il y avait dans la rue des groupes d'enfants qui jouaient à la course. C’était nouveau. Avant, les enfants jouaient à d'autres sports, mais cette fois, à plusieurs endroits, ils s'amusaient à faire des courses de vitesse.

Les médias peuvent contribuer dans une grande mesure à provoquer la prise de conscience nécessaire pour faire un bond qualitatif. Dans certains sports, comme la boxe, nous occupons déjà une bonne position. Vous savez qu’en boxe, la meilleure technique consiste à mettre K.O. l'adversaire, parce que sinon, la décision dépend des juges ; or, ceux-ci ne sont pas toujours impartiaux. Je ne veux pas aborder ce thème maintenant, il vaut mieux le laisser pour une autre fois. Un jour, nous devrons traiter cette question de l’arbitrage. Toutefois, j'estime que nous devons avoir une devise, un mot d'ordre, et ne jamais l’oublier : l’objectivité dans l'arbitrage  Ce doit être un principe pour les arbitres de notre pays, parce que le véritable esprit révolutionnaire se manifeste dans le sport, dans la lutte, dans le combat sportif, et non pas dans l'arbitrage. Moi personnellement, j'éprouverais de la répugnance pour toute médaille ou distinction qui serait obtenue par notre pays à la suite d’un arbitrage injuste (applaudissements). Nous voulons gagner des médailles, mais des médailles pures, propres. Et nos athlètes doivent toujours s'entraîner de manière à gagner grâce à la qualité et non grâce à l’injustice ou à l’arbitraire.

Je vous disais que nous sommes très forts dans certains sports, la boxe, par exemple. Grâce à tout ce que nous faisons – institution des règles de protection nécessaire pour la pratique de la boxe par les enfants, formation de boxeurs dans les écoles d’initiation aux sports, création d'installations pour la boxe dans tout le pays afin de promouvoir ce sport – nous sommes en mesure d’assurer notre suprématie.

Nous ne pouvons pas permettre qu'on nous arrache la place d’honneur que nous occupons en boxe (applaudissements). Et que tout le monde sache que les boxeurs cubains seront des adversaires redoutables !

Nous devons continuer à aller de l'avant dans les sports où nous sommes forts et adopter une politique spéciale pour faire des progrès dans les sports où nous sommes faibles. Nous ne cueillerons pas sans peine les fruits de ces efforts ; je dis bien : pas sans peine. Il s'agit d'une tâche de longue haleine, de très longue haleine ! Toutes les écoles d’initiation aux sports ne sont pas encore construites ; nous n'avons pas encore tous les professeurs dont nous avons besoin ; nous ne disposons pas encore de toutes les ressources, mais nous en disposerons, Ces résultats ne seront pas encore tangibles lors des Jeux olympiques de 1980. Mais nous devrions déjà commencer à nous préoccuper sérieusement des Jeux olympiques de 1984. Et je crois que les fruits du programme que nous avons entrepris seront tangibles lors des Jeux olympiques de 1988 et de 1992. Ayez toujours présent à l'esprit que les adversaires sont de mieux en mieux préparés, que les records sont de plus en plus difficiles à battre, que les techniques sont de plus en plus avancées !

Le sport a terriblement changé au cours des trente dernières années en ce qui concerne la technique, le style, l’entraînement. Nous devons être au courant de tout cela, disposer de la meilleure bibliographie ayant trait à la technique des sports, faire des recherches portant sur la technique sportive. Essayer d’avoir une bonne information concernant toutes les expériences sportives dans le monde.

Toutefois, le sport n'est pas seulement une question de technique ou de qualités physiques. Il exige des conditions morales, des conditions de caractère, des conditions spirituelles, car entre deux athlètes ayant à peu près les mêmes qualités physiques, le plus fort est celui qui a le meilleur état d'esprit, la plus grande force de caractère, celui qui a fait preuve de plus de volonté dans la préparation, à l'entraînement, celui qui est capable de faire un suprême effort au moment de la compétition.

Je crois vraiment que nous avons des perspectives magnifiques en sports si nous appliquons tous ces critères, si nous prenons le sport vraiment au sérieux.

Nous songions à cela en ces jours sombres où nous avons appris la nouvelle .du sabotage de la Barbade et de la mort de notre équipe d'athlètes. Nous pensions à cela, nous pensions que nous devions rendre un hommage spécial à ces compañeros, chacun dans son domaine ; ceux de l’aviation, dans leur travail, ceux de la pêche, dans le leur, les athlètes, dans le domaine du sport. Nous pensions que nous devions puiser dans cette perte amère et douloureuse la force, le courage et la volonté de lui donner une réponse digne. Nos escrimeurs ont donné cette réponse. Comme je l'ai dit au début de ce discours, ce qu'ils ont fait cette année est vraiment une prouesse. Et je crois que le côté subjectif, le moral, l’état d’esprit ont joué un rôle décisif. Bien entendu, le caractère massif de notre sport a joué un rôle très important. Lorsque la pratique du sport devient massive, le peuple est capable de créer non seulement une équipe, mais vingt équipes, toutes les équipes qu'il faut.

A vrai dire, une école comme celle-ci est une merveille qui nous comble tous de satisfaction. Elle nous rappelle également que nous devons avoir la conscience du devoir, faire de grands efforts dans le domaine de l’économie, de l'épargne, de l'efficacité, car nous pourrons avoir des écoles ou des institutions comme celle-ci dans la mesure où nous ferons-le maximum d'efforts dans le domaine de l'économie. Ces écoles coûtent beaucoup d'argent. Cela doit nous engager à produire davantage de sucre, davantage de produits alimentaires, davantage de biens matériels. Cela doit engager les jeunes élèves à étudier davantage, tout particulièrement les élèves du secondaire de ces deux provinces: La Havane-Ville et La Havane-banlieue. Nous attendons, cette année, de meilleurs résultats scolaires que l'année dernière. En ce jour, où nous rendons hommage à nos martyrs, nous devons ratifier cet engagement.

Nos frères morts vivront éternellement à travers ces écoles, à travers toutes les tâches que nous entreprendrons à l’avenir ! (Applaudissements.) Que cette école soit un hommage digne d'eux ! Que le comportement exemplaire de ses élèves soit un hommage permanent aux martyrs glorieux de la Barbade ! (Applaudissements.)

A l'occasion de ce premier anniversaire, nous avons la grande satisfaction de pouvoir inaugurer cette école. L’œuvre de la Révolution, honorable et humaine, constitue le meilleur hommage qu'on puisse rendre aux martyrs !

La patrie ou la mort !

Nous vaincrons ! (Ovation.)

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